“…On comprendra ici que rédiger une prescription « sur-lechamp » s'avère plus rapide, et même plus apprécié des patients, que d'interroger ceux-ci en profondeur en leur proposant éventuellement de modifier quelques-uns de leurs comportements (habitudes de vie) pour éviter que les problèmes pour lesquels ils consultent ne se manifestent à nouveau. Bref, il n'est pas surprenant de constater qu'on utilise, avec exagération même, la prescription de médicaments, comme dans le cas des antibiotiques (GRAVEL, 2003 ;PC, 2003) et des antidépresseurs, entre autres pour les jeunes de moins de 20 ans (RIOUX SOUCY, 2004). Or, on sait aujourd'hui que cette médicamentation substitutive à la santé et à la relation de service médical humain conduit à une surmédicamentation de plus en plus prégnante, qui est responsable d'une détérioration de la santé et (ou) de la capacité « naturelle » de la recouvrer et, pire, d'un taux très élevé d'hospitalisation, particulièrement chez les personnes âgées et les dépressifs, dont le nombre ne cesse d'augmenter depuis plus de trente ans Il y a dans ce contexte de réorganisation structurelle des soins hospitaliers et médicaux un ensemble de facteurs, dont l'idéologie économiciste-productiviste présidant cette réorganisation des soins depuis un bonne quinzaine d'années, mais aussi d'autres causes sur lesquelles nous reviendrons en conclusion, qui conduisent plus ou moins directement à une sur-médicamentation systématique et systémique.…”