La radiobiologie (RB) est avec l'épidémiologie et la dosimétrie au coeur de la radioprotection depuis des dizaines d'années (Bourguignon et al., 2017). Puisque les être humains sont exposés de façon continue aux rayonnements ionisants (RI) d'origines variées naturelles et artificielles avec une tendance à l'augmentation des doses notamment aux patients (UNSCEAR, 2008 ; European Dose Datamed II, 2014), il y a un besoin persistant de mise à jour des données de la radiobiologie. Outre cette utilisation défensive de la RB pour la radioprotection, la RB apporte beaucoup plus à la société et en conséquence doit être développée davantage : « La radiobiologie a fait et continue de faire des contributions critiques à la science » (Kirsch et al., 2017). La RB est la connaissance des effets des RI sur la matière vivante (cellules, tissus et organisme) et des mécanismes réactionnels et de défense en ce qui concerne le maintien des structures et des fonctionnements (Tubiana, 2008 ; Hall et Giaccia, 2012). La recherche fondamentale en RB a apporté des avancées significatives sur les mécanismes moléculaires (Ravanat, 2018), cellulaires et tissulaires des effets immédiats des RI et sur les réponses subséquentes retardées. Les cellules ne répondent pas passivement mais activement et réparent de façon dynamique les lésions, notamment celles de l'ADN, avec plus ou moins de succès. En cas d'échec de la réparation de l'ADN, la transformation cellulaire peut conduire à un cancer mais heureusement la mort ultime des cellules protège l'oganisme contre les tranformations cellulaires. Au niveau tissulaire, les cellules communiquent ensemble et échangent des signaux critiques en ce qui concerne l'évolution des cellules et des tissus après irradiation. Cependant trop de morts cellulaires peut conduire à la dégénérescence des tissus et au vieillissement. La compréhension des mécanismes intimes des effets des RI a conduit historiquement à la radiothérapie qui est aujourd'hui une technique majeure de traitement des cancers puisque plus de 50 % des patients cancéreux bénéficient de la radiothérapie avec un taux de succès d'environ 80 %, et ce, à faible coût (10 % du coût total du cancer). Comme inconvénients de ce traitement puissant, des effets secondaires et des complications (Thellier, 2019a, 2019b) ne sont pas si rares alors même qu'il n'y a pas eu d'erreur dans la délivrance de la dose et dans la balistique de l'irradiation (Foray et al., 2016). Les seconds cancers primaires ne sont pas rares et concernent de 8 à 10 % des patients traités (Cosset et al., 2018) et des effets cardiovasculaires sont suspectés et recherchés. La recherche en RB est nécessaire pour comprendre pourquoi des effets secondaires et des complications surviennnent afin de les prévenir et de les traiter efficacement. Une réponse individuelle anormale aux fortes doses de RI, décrite depuis le début du XX e siècle, peut expliquer pour une grande part ces effets secondaires anormaux et ces complications (Foray et al., 2016). De nouveaux paradigmes en radiothérapie, par exe...