Ce document a été généré automatiquement le 30 avril 2019. Corela-cognition, représentation, langage est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale-Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Polysémie, prototype et invariant : le cas du verbe « manger » en dagara Pénou-Achille Somé 1 Les études antérieures (Delplanque 1986, Somé 1982 et 1992) ont montré que le dagara 1 , langue voltaïque parlée au Burkina Faso, fait partie de ces langues dont le stock lexical est relativement faible en extension, mais extrêmement riche en compréhension, au sens où la plupart des mots connaissent une quantité extraordinaire d'usages « figurés ». J'ai choisi de développer ici le cas du verbe di qui mérite particulièrement d'être porté à l'attention des sémanticiens non habitués à cette langue. Ce verbe peut en effet se traduire, selon le contexte, par « manger », d'où l'idée de « dépenser, profiter, brûler, être usé, faire souffrir … », mais aussi, de manière plus surprenante, par « s'appeler » et de là « avoir les mêmes propriétés que x, atteindre l'excellence, atteindre son but, normaliser une situation », ou au contraire « ne ressembler à x que de nom », etc. Chacune des acceptions de di en dagara possède un terme proche (croquer, flamber, se lustrer, faire mal… être ou avoir, appeler, ressembler, réussir, réparer, etc.). Je me propose d'analyser ces acceptions tour à tour en montrant que di exprime toujours une valeur marquée par rapport à ses faux-synonymes. 2 Après une présentation sommaire du système verbal en dagara (§ 1), les paragraphes 2 et 3 exposeront les différentes acceptions de di en tant que verbe de processus et les paragraphes 4 et 5 les usages de di comme verbe d'état. A ce stade de l'exposé, ces acceptions seront classées de manière traditionnelle, en termes de métaphores et de métonymies. Cette vision des choses sera cependant discutée en §6 en confrontant l'approche cognitiviste et l'approche constructiviste de la sémantique. Enfin, en §7, je tenterai de dégager « l'invariant » qui permet d'embrasser la diversité des usages de ce verbe polysémique. Polysémie, prototype et invariant : le cas du verbe « manger » en dagara Corela, 5-2 | 2007 | * a sínbie ¯ Ɂwɔb-ø-ã(6) a saáb dí-ø-ná | a sínbie ɦá Ɂwɔb-ø-á Le to di-ACC-ACT | les arachides toutes croquer-ACT-ACC Le to est mangé 5 | Toutes les arachides ont été croquées 9 Cette différence n'est que l'une des manifestations des propriétés sémio-syntaxiques générales de nos deux verbes. Ils diffèrent quant à la nature du complément. Les locuteurs dagara 6 définissent le verbe di par : « mettre objet en bouche pour l'avaler ». Et le verbe F0 8D « /w b », par : « mettre en bouche, mordre et ensuite avaler ». Effectivement, avec di, l'objet mangé est directement absorbable, l'absorption est inhérente au concept. Avec F0 8D « /w b » l'aliment n'est pas directement assimilable, son absorption demande un effort et n'est d'ailleurs pas garantie, car on peut dire : (7) a ʋ Ɂwɔb-ø-a tɩ́ bá vɔl ɛ il cro...