Au cours des deux dernières décennies, le développement de centres commerciaux a été encouragé dans le cadre d’une néolibéralisation de l’économie nationale marocaine et de l’ouverture grandissante sur l’investissement international. Lancés par des promoteurs étrangers en association avec des investisseurs nationaux, ces lieux mondialisés sont conçus sur le modèle des malls américains et de ceux des pays du golfe Persique, et reproduisent les mêmes configurations spatiales et architecturales. Leur fonctionnement repose sur l’usage d’un ensemble de mécanismes de canalisation des flux de clients et de visiteurs, mais aussi de simulation d’univers symboliques faisant référence principalement à un ailleurs fantasmé. Sur la base d’une série d’investigations qualitatives conduites sur plusieurs malls situés dans deux grandes villes du Maroc, Rabat et Casablanca, cette contribution analyse la construction matérielle et symbolique de ces équipements marchands et étudie la signification des dispositifs de modélisation mis en place et leur réception sociale. Elle montre comment ces univers à la mode et occidentalisés participent, particulièrement pour certaines catégories de visiteurs (jeunes et femmes), à de nouvelles formes de sociabilité et d’être ensemble dans la ville.