À partir d’entretiens qualitatifs et de données statistiques, cet article met au jour les principes de justice mobilisés par les concepteurs et les utilisateurs de l’algorithme Boléro, mis en place à l’université Paris-Dauphine au début des années 1990. Deux principes de justice semblent ainsi orienter les décisions autour de l’algorithme, répondant à des considérations tant organisationnelles qu’historiques : une logique d’efficacité adossée à un principe méritocratique, d’une part, qui se fonde sur l’appréciation du niveau individuel des étudiants et leur capacité supposée à réussir à Dauphine ; un principe d’« équilibre juste », d’autre part, outillé par la mise en place de quotas souples visant à obtenir une variété de profils autour de certains paramètres. Les impensés de la sélection sont alors abordés, avec une attention particulière portée aux taux d’admission différenciés selon le profil des candidats et aux effets d’éviction et de concentration de lycées parmi les pourvoyeurs d’étudiants dauphinois.