médecine/sciencescueilleurs [1]. Elles apparaissent entre pairs dès les premiers temps de l'expérience collective comme à la crèche [2] et, chez les animaux sociaux, la hiérarchie structure de part en part l'organisation des groupes. La hiérarchie n'est pas sans conséquence pour les individus. Du rang qu'ils occupent, peuvent dépendre la quantité de ressources auxquelles ils ont accès, leurs chances de survie, ou encore leur succès reproductif [3]. Il est dès lors légitime de penser qu'un monde social hiérarchisé impose des contraintes sur le plan cognitif. Identifier qui domine dans une relation, anticiper quel sera le comportement du dominant, ou savoir qui aura le droit à quoi en fonction de son statut hiérarchique, sont des connaissances précieuses pour se mouvoir dans l'environnement social. À cet égard, de nombreux travaux issus des sciences cognitives révèlent que les animaux sont doués d'étonnantes capacités à extraire de l'information à partir des hiérarchies. Ces travaux montrent aussi que certaines de ces capacités émergent très tôt chez le bébé humain et ne cessent de se complexifier pendant l'enfance. Les poissons Burtoni 1 réalisent ainsi des inférences transitives sur la base des relations de dominance entre leurs congénères (Si un individu voit parmi un groupe
Le dilemme de la hiérarchieJean-Luc et Benoît ont 3 ans. Ils sont dans la même école et aiment passer du temps ensemble à la récréa-tion. Mais quand il s'agit de décider à quoi ils vont bien pouvoir jouer, leurs divergences de vue sont patentes. Si l'un dit qu'il aimerait jouer à la balle, l'autre répon-dra qu'il préfèrerait faire une partie de billes. Si l'un propose de sauter dans la cour, l'autre voudra aller courir, etc. Ce n'est pas tant un esprit de contradiction qui les anime, que des préférences bien distinctes. Mais ils trouveront toujours une solution à leur conflit et finiront par jouer tous les deux au même jeu. Ce dénouement sera cependant invariablement univoque : Jean-Luc imposera ses choix et Benoît les acceptera. Dans la relation qui les unit, Jean-Luc occupe donc la position dominante et Benoît la position subordonnée. Jean-Luc jouit du pouvoir et prend les décisions alors que Benoît s'y soumet. Cette situation d'asymétrie relationnelle, où un individu a durablement l'avantage sur un autre, n'est, bien sûr, pas propre à la cour de récréation. Les relations hiérar-chiques constituent un trait récurrent de la vie sociale. On les observe dans toutes les sociétés humaines, même dans les groupes les plus égalitaires de chasseurs-> La hiérarchie est une caractéristique récur-rente de la vie sociale. Dès le plus jeune âge, les enfants sont confrontés à des relations de pouvoir où un individu dominant impose sa volonté à un individu subordonné. Les enfants montrent très tôt des capacités sophistiquées à comprendre ces relations. Mais peu d'études s'inté-ressent à l'attitude qu'ils adoptent vis-à-vis d'une inégalité de pouvoir. Estiment-ils que le dominant doit être favorisé pour renforcer le statu quo ? Ou considèrent-ils que le ...