Changement et réseaux socio-techniques : de l'inscription à l'affordance

Abstract

L'auteur fournit dans cet article une synthèse critique de deux approches courantes en sociologie de la technique - l'approche de la traduction et celle de la diffusion des innovations - en portant une attention particulière à deux conceptions distinctes mais complémentaires de la notion de réseau socio-technique. En insistant sur les faiblesses respectives de ces deux approches au regard de l'évolution actuelle des technologies de la communication, il propose d'infléchir le tournant sémiotique à l'aide de la notion d'affordance (du côté de la traduction) et d'envisager plus en détails l'interface des réseaux de la diffusion de l'innovation avec ceux de son développement (du côté de la diffusion). Enfin, la brève étude du cas des « boutons de la souris » lui permet de démontrer concrètement comment un tel changement de nos cadres explicatifs pourrait être traduit méthodologiquement.

Mobile Music Listening: The Users and their Art of Making Do Lionel Detry

“…The design of the device influences how and to what music the listener chooses to listen to. Each device is manufactured and programmed in such a way that the designer inscribes some affordances in the machine (Bardini 1996;Norman 2002). Emilie, for instance, has an old USB stick mp3 player.…”

Quelle place pour l’innovation dans les médias sociaux ?

“…Invoquer une approche sociotechnique lorsque l'on s'intéresse à l'innovation impose quelques précisions sur celle-ci. Les emplois de ce terme ont en effet donné naissance à des approches qui, si elles se penchent sur les mêmes objets, conservent des spécificités fortes (Akrich, 1991 ;Bardini, 1996 ;Flichy, 1995 ;Von Hippel, 1988). Sur le plan théorique, il s'agit pour nous de considérer les rapports entre objets techniques et individus comme ontologiquement reliés dans ce que Simondon (1989) nomme une relation transductive, c'est-à-dire une relation où l'un des termes ne saurait exister sans l'autre 6 .…”

Les promesses de la révolution virtuelle

“…Cette première phase correspond en fait à l'intervalle qui sépare le premier rêve du système et l'apparition des premiers usagers « réels » différents des concepteurs. Dans un mouvement que j'ai qualifié d'usage réflexif, les concepteurs ont tendance à s'ériger en modèle de l'usager futur, et cette réflexion originelle laisse progressivement place à la réalisation que celui-ci pourra différer grandement des concepteurs en termes de compétences, de motivation ou même de projet (Bardini, 1996 ;Bardini et Horvath, 1995).…”