Le conditionnel temporel subjectif et la possibilité prospective Cet article traite de l'emploi dit « temporel subjectif » du conditionnel (ex. : « Il savait que je viendrais »). Il expose d'abord les difficultés auxquelles se trouve confrontée l'analyse de cet emploi au moyen du concept de possibilité prospective (analyse proposée par Gosselin 1999, et dans le cadre de la sémantique du temps ramifié par Martin 1981, Vuillaume 2001et Bres 2009. Il propose ensuite, dans ce cadre, une analyse nouvelle de la possibilité prospective, qui répond aux difficultés signalées et fournit de nouvelles prédictions sur la sémantique des énoncés au conditionnel subjectif.Mots-clés : conditionnel, possibilité prospective, temps ramifié, factivité, point de vue subjectif
Abstract :The "subjective temporal" use of conditional tense and prospective possibility This paper deals with the so-called "subjective temporal" use of the conditional tense (eg "Il savait que je viendrais", "He knew that I would come"). First we will expose the difficulties to which is confronted the analysis of this use by means of the concept of prospective possibility (see Gosselin 1999, and in the framework of branching time semantics, Martin 1981, Vuillaume 2001and Bres 2009. We then propose, in this framework, a new analysis of prospective possibility, which responds to the indicated difficulties and provides new predictions on the semantics of statements using "subjective temporal" conditional tense.
Le conditionnel temporel subjectif et la possibilité prospective
IntroductionOn distingue classiquement les emplois dits « temporels » des emplois dits « modaux » du conditionnel. Il s'agit là, au mieux, d'une commodité, car tous les emplois contiennent des composantes temporelle, aspectuelle et modale. Ainsi l'emploi « modal » de la forme simple du conditionnel (« je serais riche, j'achèterais une voiture ») exclut-il que les procès soient localisés dans un passé révolu (contrainte temporelle). À l'inverse, les emplois « temporels » se répartissent en emplois « subjectif » et « objectif » (Nilsson-Ehle 1943, Bres 2012), ce qui constitue, à l'évidence, une distinction de nature modale. L'emploi dit « temporel subjectif » (Korzen et Nølke 2001 : 129, Dodig 2018, correspond à l'expression d'une