Depuis les années 1960, le secteur de l’habillement, désigné communément comme la mode, focalise son attention sur les activités à forte valeur ajoutée. Parmi elles, la création symbolise son dynamisme et le styliste en est sa figure. Incarnée régulièrement par des hommes dans un secteur d’activités identifié comme féminin, une division sexuelle du travail traditionnelle se donne à voir. A partir d’une enquête ethnographique dans deux écoles supérieures de mode situées à Paris, cet article se propose d’étudier la manière dont les trajectoires des garçons et des filles se construisent et se différencient au cours de leurs études. Peu nombreux en formation, les garçons sont recherchés et le « stigmate » lié à leur orientation atypique devient une source de distinction. L’enquête montre cependant que ces trajectoires masculines génèrent des interrogations relatives à leur sexualité de sorte que sexe, genre et sexualité doivent être appréhendés conjointement.