Cet article analyse les conflits politico-administratifs à propos d’un accord du dialogue social européen portant sur les conditions de travail dans le secteur de la coiffure, signé en 2012. L’étude mobilise pour ce faire le concept de champ de l’Eurocratie, et cherche à montrer son caractère heuristique pour l’étude de l’action publique européenne. S’appuyant sur des entretiens et sur des documents inédits obtenus via une procédure d’accès aux documents administratifs, l’article est organisé en deux parties. Il revient d’abord sur deux conflits majeurs suscités par deux dimensions de l’accord coiffure : d’une part l’opposition de gouvernements à la protection des travailleurs indépendants, d’autre part la mobilisation de l’industrie cosmétique contre la régulation de substances chimiques. Ensuite, l’article étudie les luttes qui opposent le Secrétariat général de la Commission européenne à la DG Emploi sur l’application de l’agenda Better Regulation au dialogue social européen. Par une sociologie des usages politiques des analyses d’impact, l’article analyse ainsi la domination bureaucratique au sein de la Commission à l’aune des transformations du champ de l’Eurocratie.