Les auteurs institutionnalistes développent une conception de l'entreprise comme institution qui a sa propre vie, irréductible à ses composantes. Ces auteurs s'inquiètent notamment de la financiarisation de l'entreprise. À l'opposé, les coopératives présentent des caractéristiques qui renforcent intrinsèquement la défense de l'entreprise comme institution par opposition à la conception de l'entreprise comme réseau de contrats. Une rencontre approfondie entre le monde coopératif et la littérature sur l'entreprise comme institution semble ainsi prometteuse. Coopérative, économie institutionnaliste, stabilité, connaissances tacites, représentations Institutionalist economists develop a conception of the firm as an entity, with its own life, above its elements. These authors worry about the financiarisation of the firm. On the contrary, through their essential characteristics, cooperatives are defenders of the firm as an entity, rather than a nexus of markets. Thus, deepening the meeting between cooperative world and institutionalist economics is a promising way of research. Cooperatives, institutionalist economics, stability, tacit knowledge, representations 1-L'entreprise comme institution Dès la fin du 19ème siècle des auteurs montraient que l'entreprise a une dynamique autonome : de même que pour les guildes, les municipalités ou encore les ordres religieux, la propriété tend à se détacher des possesseurs formels [Berle et Means, 1932: Livre I chapitre 4]. « La firme comme tout fait preuve d'un degré suffisant d'unité et de cohésion et est durable et persistante au cours du temps » [Gindis, 2007: 267]. La firme est plus que la somme de ses membres : elle est également constituée de ce que l'auteur appelle une « colle » qui fait que tous ces membres tiennent ensembles. Cette colle est composée de routines, de croyances, de représentations et d'objectifs communs. Ce constituant existe entre les individus et n'est pas appropriable par l'un ou l'autre : il n'existe que dans l'entreprise et disparaît si l'entreprise disparaît, de sorte qu'il y a une perte irrécouvrable en cas de disparition d'une firme, mais aussi en cas de mobilité forte des membres. En effet, ce sont bien les individus qui sont les supports et les transmetteurs des caractéristiques propres de l'entreprise. Or, ces caractéristiques ne peuvent que partiellement être transmises formellement [Mangolte, 1997]. Elles doivent largement être vécues pour être transmises, ce qui prend du temps. Plus le passage des