“…Ces programmes jouent également un rôle dans notre appréhension de l'échelle du phénomène : en effet, le manque de données chiffrées sur la migration de retour, surtout dans des contextes où la production de données migratoires n'était pas une priorité, amène souvent à décrire le phénomène à partir des chiffres de ces retours encadrés par des politiques, disponibles auprès d'organisations comme l'OIM. Cette dernière a certainement contribué à rendre ce phénomène plus visible -comme elle l'a fait pour d'autres phénomènes comme les morts aux frontières (Heller, Pécoud, 2019)et, ce faisant, à imposer l'image du migrant de retour « super entrepreneur » (Naudé, Siegel, Marchand, 2017) qui ne correspond cependant pas à la majorité des profils de retournés. Lorsque des enquêtes spécialisées sur la migration de retour enregistrent le fait d'avoir été aidé par un programme, on se rend alors compte de la faible proportion de ces cas par rapport à l'ensemble des migrants de retour : dans l'enquête TEMPER Sénégal, moins de 7 % des 600 migrants de retour de France ou d'Espagne interrogés avaient bénéficié d'un tel programme, tandis que dans l'enquête ECM2, seuls 26 % des migrants équatoriens de retour d'Espagne ayant cherché un appui avaient bénéficié d'une telle aide.…”