Étudier l’enseignement du design, c’est mettre au jour des indicateurs propres aux phénomènes de la transmission des savoirs et savoir faire de la conception, des situations, des milieux, des contextes, mais aussi des gestes des enseignants, ceux des apprenants, gestes créatifs et gestes d’apprentissage. Cet article propose un point de vue didactique, en comparant les curriculums de l’enseignement du design dans deux pays, la Suisse et la France : prescriptions à cheval entre arts et technologie, culture du projet, situations d’évaluation, enseignement généraliste ou spécifique, mais aussi la formation des enseignants. Il émerge de cette approche des singularités dues aux héritages culturels, à l’histoire disciplinaire, aux influences pédagogiques. Il ressort également des similarités comme les hésitations curriculaires sur la place et l’identité de la discipline dans les institutions de formation. Par-dessus tout, ce qui rassemble les deux systèmes analysés, au delà de possibles divergences formelles, c’est l’approche des processus de conception créative et de la pédagogie de projet. Apprendre à concevoir, c’est, d’une certaine façon, apprendre à mieux appréhender les enjeux du monde complexe en puisant dans les ressources de l’expérience créative dans les domaines technologiques et artistiques. In fine, ce qui est en jeu dans ce papier, c’est la contribution à une épistémologie disciplinaire qui, au delà des origines du design, poserait les soubassements d’une didactique de la conception, voire du design lui même, en identifiant les savoirs qui circulent des lieux de création et de conception vers les lieux d’apprentissage du design.