Nous cherchons ici à répondre à la question suivante : quel est le rôle de l’ensemble du portefeuille d’outils de gestion dans les organisations en proie à la complexité institutionnelle ? Nous nous intéressons ici aux organisations créatives artistiques car elles sont confrontées à une pluralité de logiques pouvant déboucher sur des prescriptions incompatibles (Greenwood et al ., 2011), et nous cherchons à compléter le corpus de travaux se penchant sur le rôle des outils de gestion, des outils de contrôle notamment, dans ces organisations. A cette fin, nous nous appuyons d’un point de vue théorique sur les Economies de la grandeur de Boltanski et Thévenot (1991), en conduisant une recherche qualitative, fondée sur le cas d’une organisation exemplaire au regard de la problématique étudiée : une Scène nationale caractérisée par des logiques artistique, managériale et politique. Nous combinons la conduite d’entretiens semi-directifs auprès de parties prenantes de cette organisation avec l’étude de documents internes et externes. Nous montrons que le portefeuille d’outils de gestion permet la coexistence des logiques en servant de base à des compromis entre les mondes auxquels se rattachent ces logiques (mondes inspiré, industriel, civique) pris deux à deux, mais aussi, pour certains de ces outils, entre les trois mondes. Emergent ainsi des compromis artistico-managérial, artistico-politique, politico-managérial et artistico-politico-managérial.