Hélène Bertheleu est enseignante-chercheure en sociologie à l'Université de Tours et au Laboratoire CNRS 7324 CITERES, équipe CoST. Elle est habilitée à diriger des recherches et étudie depuis vingt ans les migrations, les relations interethniques et les politiques dites d'intégration en France et au Canada. Elle est affiliée à l'Institut Convergence Migrations et co-dirige la collection Migrations aux Presses Universitaires François Rabelais (PUFR). Anna Perraudin est sociologue, chargée de recherche au CNRS, membre du laboratoire CITERES, associée à l'URMIS et affiliée à l'Institut Convergence Migrations. Elle est membre du comité éditorial des Presses Universitaires François Rabelais (PUFR). Elle a publié récemment Esquiver les frontières en 2018, aux Presses Universitaires de Rennes.
RésuméInterrogées dans le cadre d'une enquête sociologique sur le bénévolat réalisée à Nantes, en 2020, les personnes exilées mettent en avant leur intérêt pour la pratique du français dans leur engagement associatif. Cette préoccupation renvoie par ailleurs à l'insistance des politiques migratoires récentes sur les dispositifs d'apprentissage linguistiques, et invite à interroger les liens complexes entre maîtrise de la langue et intégration. Cet article se base sur des entretiens et observations réalisés auprès de bénévoles exilés dans trois associations nantaises, avec une approche qualitative, attentive aux trajectoires migratoires, sociales, administratives des enquêtés. Dans un premier temps, le bénévolat peut apparaître comme un moment privilégié d'insertion linguistique et professionnelle. Mais les limites de cette tactique apparaissent, dans un second temps. La nécessité d'avoir recours au bénévolat souligne en effet en creux les difficultés générées par les contraintes administratives et le dispositif d'insertion qui, dans une injonction contradictoire, exigent une intégration rapide tout en empêchant d'accéder aux ressources du travail et à ses formes de socialisation.