Des grands-parents aux petits enfants : trois générations face à la transmission des objets

Abstract

L’allongement de la durée de vie rend les familles contemporaines plus multigénérationnelles que jamais. L’article analyse la manière dont s’actualisent ces relations à travers une pratique peu étudiée en sociologie de la famille: la transmission des objets de la vie quotidienne. L’exploitation d’entretiens menés dans des familles de cadres moyens ou supérieurs met en lumière, pour ces milieux sociaux, la place paradoxale des petits-enfants dans le processus de transmission familiale des objets. D’un côté, ils en sont un horizon indispensable: c’est leur présence qui donne son plein sens symbolique à cette pratique. D’un autre côté, ils ne sont, en général, que les destinataires indirects d’objets de leurs grands-parents. Quelle que soit la qualité du lien affectif qui unit grands-parents et petits-enfants, les objets transitent nécessairement par la génération intermédiaire, instaurant ainsi une chaîne générationnelle où chacun est successivement receveur et donneur.

L’infécondité volontaire

“…La rupture assumée du lien intergénérationnel direct soulève des questions importantes qui touchent les représentations sociales et les attitudes, chez les partisans de l'infécondité volontaire, quant aux enjeux liés à la transmission psychologique (continuité narcissique et réparation ; Ciccone 2014), au lignage, à la famille et à ses mémoires (Harvey 2005), ainsi qu'à la perpétuation du nom (Charton et Lemieux 2015). À celles-ci s'ajoutent les considérations liées à l'héritage matériel (Mortain 2003), aux valeurs socioculturelles (Sabatier et Lannegrand-Willems 2005), à la transmission de l'identité sociale, ethnique (Hughes et al 2006) et religieuse (Vermeer 2014), et à la langue (Park 2013).…”