Dans le cadre d’enquêtes sur la formation à l’écrit des adultes peu qualifiés et peu scolarisés, nous avons constaté que certains de ceux-ci ne reprennent pas à la maison ce qui a été abordé lors des séances de formation et laissent à l’organisme de formation les documents fournis. Ainsi pour ces personnes, l’espace de la formation et l’espace hors formation constitueraient deux espaces disjoints. Une de nos hypothèses est que ces pratiques sont révélatrices des conceptions que ces apprenants se font de l’apprentissage de l’écrit, et qu’elles pourraient expliquer en partie certaines difficultés d’apprentissage. A partir de l’analyse d’un entretien dans lequel la personne interviewée réfère la formation à un espace (« si je rentre dans une formation c’est pour apprendre »), nous montrons qu’elle construit une cartographie des espaces où sa maîtrise de l’écrit est en jeu en catégorisant des espaces de formation (l’école, l’organisme de formation, la salle de cours), des espaces privés et intimes (la famille, les amis, les loisirs), des espaces publics (les commerces, l’auto-école, les services administratifs, le travail), et en les hiérarchisant selon leurs fonctions sociales et didactiques. Au sein de cette typologie, les écrits didactiques sont décrits comme ne circulant pas d’un espace à un autre, en conformité avec la représentation d’une disjonction entre l’espace de formation et les autres espaces (domestique, privé, professionnel, etc.).