Une fracture ouverte de jambe témoigne d'un traumatisme brutal, responsable de lésions souvent pluritissulaires qui peuvent grever la fonction du membre. Quel que le stade d'ouverture, elle reste une urgence chirurgicale, exigeant une équipe entraînée [1]. Plutôt que de « fracture ouverte de jambe », le terme de « traumatisme ouvert de jambe » prendrait mieux en compte l'aspect potentiellement pluritissulaire de telles lésions, sans fixer le chirurgien sur le seul élément radiovisible, l'os, et reléguer en arrière-plan la prise en charge cutanée. L'ouverture attire d'emblée l'attention sur un élément pronostique potentiellement grave : la communication du tibia avec l'extérieur. Mais le bilan ne doit par s'arrêter à ce clin d'oeil furtif, il doit rechercher par la palpation protégée un décollement sous-cutané et son étendue en particulier, et juger la contusion associée qui peut d'ailleurs exister lors de fractures fermées. L'absence de parallélisme strict entre lésions osseuses et des parties molles prouve à quel point il n'existe pas de stéréotype : un gros délabrement cutanéo-musculaire peut s'associer à une fracture transversale simple du tibia, comme une fracture extrêmement comminutive se cache parfois derrière une simple ouverture de la peau. Les lésions dépassant le cadre strict du plan osseux peuvent intéresser à divers degrés toutes les structures : peau, fascia, muscles voire les éléments vasculonerveux ; et c'est elles qui feront alors le pronostic de la fracture ouverte. Il découle de ce préambule plusieurs préceptes.• La prise en charge de l'ensemble des structures lésées lors d'une fracture ouverte de jambe, que ce soit en aigu ou en secondaire, doit demeurer une préoccupation constante. Plusieurs situations cliniques vont d'ailleurs associer la peau et l'os dans le spectre lésionnel et la prise en charge thérapeu-tique : les fractures vues en urgence ou celles, redoutables, vues à 15 jours-3 semaines, les pseudarthroses infectées, l'infection chronique sur os consolidé, à part la nécrose sans fracture, qui expose un os sain et qui posera des problèmes spécifiques. • L'état cutané et le statut vasculaire priment pour obtenir une consolidation sans infection.
D. L. Nen et al., Réparations tissulaires à la jambe