Au moins en France, les politiques de protection et de valorisation du patrimoine naturel ont toujours été historiquement marquées par l'ambivalence-comme en témoigne l'exemple des parcs nationaux censés concilier conservation de la nature, accueil touristique et développement de zones rurales fragiles. C'est ce type de compromis qu'aborde également l'article qui suit-dans un contexte qui n'est plus celui des années 1960, mais qui est aujourd'hui marqué par le développement durable, la transition écologique et l'injonction à l'innovation ou à l'excellence locale. Analysant de l'intérieur le projet « Néouvielle, destination nature »-construit en principe autour de la mise en valeur de ce patrimoine pyrénéen-, il montre la difficulté à inventer des formes réellement innovantes d'articulation entre protection de la nature et développement local ; et finalement à dépasser un usage purement rhétorique de la valorisation patrimoniale. Cela illustre aussi la distance qui peut exister entre la communication sur la nature et l'intégration des réalités écologiques dans les politiques locales. La Rédaction Résumé-Face au renouvellement des pratiques dans le domaine du tourisme et à l'évolution des territoires de montagne, la diversification touristique devient un enjeu central. Le processus de valorisation des ressources patrimoniales apparaît dès lors comme un levier de développement territorial pour lutter contre un modèle « tout ski » monospécialisé. En s'appuyant sur l'analyse d'un dispositif d'excellence et d'innovation territoriale, le Pôle d'excellence rurale, mis en oeuvre en 2011 dans le massif du Néouvielle (Pyrénées), l'article questionne le patrimoine comme ressource au service d'un nouveau système de production touristique ; il examine notamment, à travers les logiques de gouvernance et les jeux d'acteurs qui en découlent, les formes de régulation qui ont abouti à un processus de détournement de l'objectif de valorisation patrimoniale, rendant illusoire, dans le cas étudié, la stratégie de diversification touristique.