Groupe hétérogène de 12 000 mousses, 8 000 hépati-ques et 300 anthocérotes (Figure 1 )
Utilisation en médecine traditionnelleLe mot « hépatique » tire son origine du grec « hêpar » qui signifie foie, en référence aux feuilles évoquant les trois lobes principaux de cet organe. Cette ressemblance a conduit à les employer pour traiter les affections du foie selon la Doctrine des Signatures [2]. Des Bryophytes ont été utilisées comme rembourrage, dans des décoctions ou encore en pommades, broyées et mélangées à des huiles ou à du miel, pour soigner les plaies et les brûlures [3,4]. Asakawa en 1995 énumère une vingtaine de mousses et d'hépatiques utilisées en médecine traditionnelle chinoise contre la tuberculose pulmonaire, les saignements gingivaux, les coupures, etc. Elles sont également dites posséder des propriétés diurétiques, antipyrétiques, antiseptiques, anti-poisons [5]… Une même mousse a souvent des applications variées, comme Rhodobryum giganteum (maladies cardiovasculaires, nervosité) ou Haplocladium catillatum (angines, bronchites, cystites).
Sources de métabolites particuliers et de substances bioactivesLes années 1970 marquent le début des études phytochimiques destinées à identifier les métabolites secondaires produits par les Bryophytes, essentiellement par les hépatiques. Ces dernières synthétisent des > De nombreux médicaments ont été générés à partir de produits naturels isolés des plantes vasculaires, les Trachéophytes. Cependant, la décou-verte de nouveaux archétypes structuraux est devenue rare, suggérant que la diversité chimique associée à la biodiversité des végétaux supérieurs n'est peut-être pas aussi élevée qu'on le pensait. Il est alors tentant d'étudier des plantes différen-tes, comme les Bryophytes (mousses, hépatiques, anthocérotes), colonisatrices d'écosystèmes particuliers et plus rarement étudiées puisqu'à ce jour, moins de 10 % des Bryophytes ont fait l'objet d'investigations phytochimiques, souvent succinctes. Des substances biologiquement actives, parfois de structure phytochimique originale, ont été isolées. Les différents groupes de Bryophytes ont-ils le même intérêt pharmacologique ? Quelles sont les difficultés associées à leur étude ? Quelles sont les possibilités de succès des investigations futures en terme de médicament ?