Introduction 1Quels sont les modèles didactiques dominants dans les discours des formateurs d'enseignants ? Peut-on mettre au jour les discours tenus par ces formateurs à propos de l'écriture ? Quelle place l'écriture tient-elle dans les plans de formation ? Autant de questions formulées par les responsables de ce numéro et que la présente contribution se propose d'envisager. Ces interrogations sont, de mon point de vue, décisives, car elles éclairent notamment la délicate problématique de la transposition des savoirs scientifiques en savoirs enseignables et enseignés. À la suite de R. Hofstetter et de B. Schneuwly (2009 : 16), je considère que les savoirs s'inscrivent au centre des instituts de formation et, par conséquent, du mandat des professionnels qui y interviennent : les savoirs différencient la formation du compagnonnage, axé sur le « mimétisme dans le faire en situation » et visant l'élaboration de savoirs professionnels généralisables. C'est dire l'enjeu de la problématique qui sous-tend cet article. Les chercheurs genevois (Hofstetter & Schneuwly, 2009 : 17-18) distinguent les savoirs à enseigner (ceux qui font l'objet du travail des formateurs) et les savoirs pour enseigner (ceux qui constituent les outils de leur travail).
2Identifier les savoirs qui circulent dans les instituts de formation à propos de l'écriture peut donner lieu à des options méthodologiques diverses : conduire des entretiens avec Les mémoires des futurs agrégés : un observatoire et un levier des savoirs Pratiques, 161-162 | 2014 1 les formateurs, les maitres de stage, les étudiants ou les enseignants tout juste diplômés, décrire et analyser les curriculums de formation (Caprace, 2011), étudier les notes de cours, filmer des séances de cours... L'orientation prise ici est la suivante : analyser en Fédération Wallonie-Bruxelles les travaux de fin d'études (TFE) élaborés par les étudiants au terme de leur cursus académique sous la supervision d'un formateur dans le but d'y déceler les savoirs construits et mobilisés par les « presque enseignants ». Équivalents belges des mémoires professionnels français, les TFE constituent par définition « des écrits de savoirs », car ils s'apparentent à la fois à des écrits réflexifs et à des écrits scientifiques en formation. Dès lors, les savoirs y occupent une place de choix. Pour ce faire, a été constitué un corpus de 47 TFE, recueillis dans trois hautes écoles distinctes, volumineux corpus interrogé par le prisme des savoirs qui, dans une perspective vygtoskienne, s'y construisent et s'y révèlent dans le même temps (Vygotski, 1934(Vygotski, -1997.
Les travaux de fin d'études, un pacte scriptural complexe 3Le genre TFE repose sur un pacte scriptural complexe qu'il convient d'élucider quelque peu. Il est proche des mémoires professionnels français à propos desquels ont été menées de très nombreuses études, recensées notamment par J. Crinon et M. Guigue (2006), enrichissant ainsi considérablement le champ des littéracies académiques.
4Comme son nom l'indique, le TFE conclut un cursus de format...