Les publications de plus en plus nombreuses sur l’épigénétique valident, jour après jour, une démarche d’accompagnement pluridisciplinaire coordonnée et personnalisée, pour modifier positivement et précocement l’environnement de l’enfant et de ses parents. Le défi est de réussir à intégrer toutes ces dimensions avec rigueur et respect mutuel des places et des compétences de chacun, surtout lorsqu’il s’agit de situations à risque médicopsychosocial extrêmes. L’antériorité des collaborations médicopsychologiques ainsi que l’action soutenue des réseaux périnataux* ont préparé le terrain du décloisonnement des pratiques entre les disciplines concernées, tant dans le secteur public que libéral. Sous l’impulsion d’un pédopsychiatre, d’une psychomotricienne et d’une orthophoniste en lien étroit avec les trois sites de naissance de la ville, soit 9 000 naissances par année, une expérience de prise en charge précoce des bébés issus de ces situations extrêmes a pu voir le jour en pratique libérale, articulée avec le CHU. Le recul actuel est de huit années. D’emblée, le regard d’un médecin rééducateur extérieur** a considérablement enrichi l’approche portée sur le développement précoce. Sans se polariser sur les facteurs de risque, l’attention a changé d’axe par une observation fine des stades précoces du développement du bébé jusqu’à 18 mois. L’accent a été mis sur l’analyse de la posture et l’activité motrice spontanée, en particulier la période des mouvements généraux dont on sait l’importance pour le devenir : observer avec les parents les modalités d’organisation précoce du bébé face à l’environnement, partager avec eux et avec les professionnels concernés ce qui se dégage dans la dynamique du bébé et les éventuels aménagements à proposer. Cette observation conjointe avec les parents les plus fragiles a ouvert des pistes pour définir le concept de continuité et optimiser les suivis.