Créé par le décret du 6 août 1946, le Comité central d’enquête sur le coût et le rendement des services publics apparaît comme le produit de la réforme administrative des années trente et comme le dernier-né d’une longue lignée des Commissions d’économies budgétaires, inaugurée aux lendemain du premier conflit mondial. Et de fait, il aurait bien pu n’être que cela : une Commission de la hache ou de la guillotine de plus. C’était compter sans Gabriel Ardant, haut-fonctionnaire modernisateur de l’aprèsguerre, inspecteur des finances passionné de productivité, et sans les ambitions qu’il a su communiquer à son Comité central d’enquête. Par la rénovation de l’enquête sur place, par l’adoption du calcul du prix de revient des services et par la multiplication des études d’organisation dans les administrations, il a contribué à l’émergence d’une culture et d’une expertise gestionnaire au sein de l’administration, à la constitution d’une science administrative empirique au sein de l’État et a tenu lieu d’organe permanent de la réforme administrative à une époque où il n’en existait pas.