Aux croyants, aux incroyants, aux mécréants, à leurs Commandeurs, Aux adorateurs de l'Être, à ceux qui préfèrent sa plénitude, à ceux qui choisissent le non-être, qui révèrent sa logique ; À ceux qui savent que Dieu existe ; À ceux qui savent que Dieu n'existe pas ; À ceux qui doutent ; À leurs papes, leurs rabbins, leurs ayatollahs, leurs Karl Marx, leurs Spinoza ; Aux lâches : qu'ils trouvent toujours un trou où se terrer ! Aux courageux : qu'ils rencontrent la bataille où mourir en héros ! À la mère qui attend à la sortie de la salle d'opération où l'on opère son enfant, qui apprend que l'intervention, a réussi et que sa fille va vivre ; Au père qui se surprend à servir un verre de whisky à son garçon devenu adulte, il ne sait quand ; À la mère qui reçoit pour la première fois la petite amie de son fils unique et qui s'aperçoit qu'elle n'est plus la femme de sa vie ; Au père forcé de donner à un godelureau la main de son enfant et qui se rend compte qu'un père qui élève sa fille est comme un architecte qui construit une maison qu'il n'habitera jamais ; Au producteur de signes qui n'a pas d'enfant de sa chair, et qui sait que, de toute l'histoire de l'art, jamais une oeuvre ne s'est levée pour dire 'Papa !' à son créateur ; Aux homophobes : qu'enfin ils apprennent que celui qui est sûr de sa sexualité n'interroge pas celle des autres ; Aux racistes et aux misogynes : que jamais ils ne se voient dans un miroir ! Aux cons qui ne savent pas qu'ils sont cons ; À ceux qui, comme moi, souhaitent la mise-hors-la-loi des maladies ; À ceux qui ne verront pas la fin de la prochaine année, qui le savent, et surtout à ceux qui vont devoir leur survivre ; À ceux qui chutent de la poésie et tombent dans la prose, c'est-à-dire à ceux qui viennent d'apprendre que le coeur ne sert pas seulement qu'à aimer son amante ou son amant mais qu'il est essentiel au maintien et au fonctionnement du corps, à ceux qui étaient persuadés que