Résumé Depuis la deuxième décennie du XXIe siècle, les études littéraires françaises et québécoises ont identifié une « littérature (du) care », un ensemble d’œuvres dont certains traits rejoignent la perspective féministe du care. En partant d’une suggestion de Larroux (2020), cet article s’intéressera aux deux récits de filiation « laborieuse » d’Annie Ernaux, La Place (1983) et Une femme (1988), ainsi qu’à « Je ne suis pas sortie de ma nuit » (1997), dans le but de réfléchir à leurs affinités avec cette perspective. On s’intéressera, d’abord, à l’attention qu’Ernaux porte à la vie ordinaire. On s’interrogera, ensuite, sur les rapports entre les actes de soigner et d’écrire, en avançant l’hypothèse que les récits d’Ernaux peuvent, d’une certaine manière, « soigner » les parents disparus, mais aussi la classe laborieuse en général. Enfin, on réfléchira à la poétique définie dans La Place : elle témoigne d’une attitude de l’autrice relevant du care.