Pour une partie des analystes féministes, le droit pénal demeure un appareil de domination construit par et pour les hommes. Dès lors, à leur yeux, rien ne justifie de s’en servir comme d’une arme politique susceptible de se retourner contre ceux qui en maitrisent le maniement. Ce point de vue radical se voit cependant et progressivement émoussé sur la scène internationale où l’on assiste à un usage militant du droit pénal international de la part d’activistes féministes en vue de punir les auteurs d’atteinte massive aux droits des femmes ou de justifier une intervention humanitaire en cas de tels crimes. Le présent article se propose, tout d’abord, de mettre à jour l’oscillation qui parcourt la pensée féministe critique au sein des arènes interne et internationale. Il vise, ensuite, à expliquer pour quelles raisons, à la faveur de l’accession de femmes dans les instances politiques et judiciaires internationales, le radicalisme des analyses initiales s’érode pour laisser place à des discours nettement plus favorables au déploiement de la pénalité internationale.