La présente contribution a pour objectif de faire le point sur le profil des élites administratives suisses, au niveau fédéral, en montrant l’évolution de leur profil lié à ce qu’il convient maintenant d’appeler la vague de nouvelle gestion publique (NGP), laquelle a bénéficié d’un terreau très favorable en Suisse. Ces élites correspondent à un ordre institutionnel spécifique, en lien avec des structures et fonctionnements organisationnels particuliers, et possèdent des spécificités en matière de trajectoires professionnelles et de formation. Or, les réformes administratives qui se sont développées depuis les années 1980 ont transformé l’ordre institutionnel dans lequel évoluent les cadres dirigeants de l’administration fédérale. Cet article analyse dans quelle mesure ces transformations ont pu avoir un impact sur les caractéristiques de ces élites, à travers les indicateurs de capital scolaire, capital social, ainsi que de trajectoire professionnelle interne ou externe à l’administration. Les résultats montrent une lente mais significative évolution des profils de ces élites, en direction d’une managérialisation croissante reflétant celle du contexte dans lequel elles évoluent. Remarques à l’intention des praticiens Les relations politico-administratives sont bien sûr fonction des individus mais dépendent étroitement des profils des acteurs. Actuellement, celles-ci se transforment sous l’impact des réformes administratives mais également de par l’évolution des profils des acteurs tant politiques qu’administratifs. Aussi, mieux comprendre la lente évolution des profils des élites administratives autorise une meilleure compréhension du binôme politico-administratif. La managérialisation progressive de l’élite administrative soulignée dans le présent article permet également de mieux saisir quelles sont les expériences professionnelles, qualifications et compétences qui sont aujourd’hui valorisées au sein de la haute fonction publique suisse.