“…Tout travailleur du secteur social fait face, au cours de sa carrière, à des difficultés d'adhésion de la part des bénéficiaires de son intervention : un malade refusant les soins proposés, un sansabri rejetant une offre d'hébergement, un jeune « en difficulté » ne souhaitant pas s'insérer dans un dispositif de soutien, des autorités politiques interdisant une initiative associative, etc. Si ces questions ont déjà été traitées dans le milieu du travail social, parfois sous l'angle du « nonrecours » (van Oorschot et Math, 1996 ;Warin, 2016) ou celui de l'« aide contrainte » (Becquemin, 2013 ;Puech, 2013), ou dans la sphère médicale sous un angle éthique et légal (Bracconi, Hervé et Pirnay, 2017 ;Draper et Sorell, 2002 ;Gidenne, 2015 ;Rossini, Senon et Verdoux, 2016), cet article vise à les étudier dans le secteur de l'aide humanitaire internationale 1 . Il s'agit alors non seulement de l'interaction entre deux individus, comme ce peut être le cas dans le travail social ou médical, mais aussi d'une relation qui s'insère dans un jeu plus large entre une ONG (Organisation Non Gouvernementale) et une région, une ethnie, un groupe armé, des autorités politiques ou un État.…”