Parmi les premiers jalons à l'origine des recherches du GReBL, une étude d 'Aneta Pavlenko (2001) intitulée « How am I to become a woman in an American vein? » a joué un rôle capital, dans la mesure où cette chercheuse mettait en lumière l'importance des récits personnels dans la recherche en sociolinguistique et en didactique des langues. Dans cet article, Pavlenko établissait un lien fondamental entre, d'un côté, ce qu'elle appelait les récits biographiques (ou histoires d'apprentissage), et de l'autre, l'exploration des liens entre identité, socialisation langagière et appropriation d'une langue seconde ou étrangère. Selon Pavlenko de tels récits permettent de fournir un aperçu de ces régions si privées, si personnelles et si intimes qu'elles sont rarement -voire jamais -prises en considération par l'étude de l'acquisition d'une langue seconde, alors qu'elles sont en même temps le coeur et l'âme du processus de socialisation. (Pavlenko 2001 : 167, notre traduction) Cette « méthode biographique » (Molinié 2011) et son objet d'étude, la biographie langagière, s'est répandu à partir des années 2000, notamment sous l'influence des portfolio européens des langues 3 . Ce genre discursif est en général défini comme un récit plus ou moins long, plus ou moins complet, où une personne se raconte autour d'une thématique particulière, celle de son rapport aux langues, où elle fait état d'un vécu particulier, d'un moment mémorable.