À partir de la mi-mars 2020, les gouvernements algérien et marocain ont instauré un confinement pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19. Cela s’est traduit par la fermeture des marchés locaux et des restrictions de mobilité. Le traitement médiatique et scientifique de l’impact de la pandémie a porté principalement sur les zones urbaines, laissant de côté les expériences des ruraux alors même que les mesures restrictives sont arrivées en pleine campagne agricole. Cet article vise à combler partiellement cette lacune en analysant comment les petits agriculteurs, femmes et hommes des oasis et des extensions oasiennes, les jeunes producteurs et les ouvriers de deux régions oasiennes du Maghreb, ont vécu ces nouveaux défis. Pour ce faire, nous nous appuyons sur 150 entretiens téléphoniques menés avec des acteurs ruraux dans les vallées du Drâa (Maroc) et du M’zab (Algérie). En mettant leurs expériences au cœur de notre analyse, nous montrons comment la crise sanitaire a limité la capacité de la majorité des petits agriculteurs à écouler leur production agricole, et comment elle a mis à l’épreuve la pluriactivité des familles oasiennes, les rendant ainsi plus vulnérables. Puis, nous décrivons comment ces acteurs ont développé différentes pratiques de résilience, individuelles et collectives, comme la mise en place d’un marché du travail virtuel pour remplacer les traditionnels moquefs (places de recrutement des ouvriers), la transition vers des pratiques agroécologiques, la réinvention de la solidarité et de l’action collective.