Depuis quarante ans, les sciences sociales ont repensé leurs pratiques de recherche à l’aune d’une distinction entre la politique, entendue dans son sens institutionnel et spécialisé, et le politique, décrivant de façon plus phénoménologique l’ensemble des pratiques sociales remettant en cause la domination. Une histoire du politique et une anthropologie du politique ont progressivement vu le jour ; la science politique s’est (à nouveau) interrogée sur le « repérage » de son objet. Étrangement la sociologie est restée à l’écart de ces débats. Cet article programmatique entend combler cette lacune. Il montre tout l’intérêt qu’aurait la sociologie à prendre au sérieux la critique de réductionnisme que lui adresse la philosophie politique, tout en relativisant son approche scolastique de l’objet. En se penchant sur les renouvellements de la science politique, de l’histoire et de l’anthropologie, il décline trois voies pour une sociologie du politique – le politique « par le bas », « aux marges » et « rêvé » –, et une méthode pour la mener à bien, l’analyse des processus de subjectivation politique.