Fondé en philosophie par Hannah Arendt, Judith Butler, Ernesto Laclau et Jacques Rancière, le concept de « subjectivation politique » bénéficie d’une pluralité de perspectives théoriques : cette pluralité l’a d’ailleurs rendu adaptable à l’interprétation de phénomènes fort différents, allant de la construction d’une citoyenneté abstraite à la subversion des normes. En dépit de cette adaptabilité qui en fait un concept versatile, la sociologie a du mal à le manier dans l’enquête empirique. Cela est dû, en large partie, au formatage anti-sociologique du concept, les philosophes l’opposant la plupart du temps à une approche « sociologiste » et « sociocratique » qui serait courante dans la discipline. Avatar d’une « contingence radicale du politique », la subjectivation désignerait ainsi un processus de sortie progressive du social. Dans cet article nous passons cette construction intellectuelle au crible d’une double critique : archéologique (mobilisant le paradigme sociologique) et empirique (mobilisant des travaux empiriques ayant situé les processus de subjectivation politique dans la réalité sociale et historique).
Le Venezuela chaviste est aujourd’hui l’une des avant-gardes de la radicalité globale. Mais si l’on se recentre sur les bifurcations politiques des acteurs, quel type de reconfigurations identitaires trouve-t-on entre une radicalité bolivarienne tendant à intégrer une doctrine d’État et des redéfinitions incessantes de la radicalité en milieu populaire, parmi l’électorat de Chávez ? Quels processus de radicalisation s’offrent au regard du sociologue dans les quartiers populaires des barrios ? Interroger les dynamiques de radicalisation, impliquant de nouvelles « entrées » et « sorties » de la radicalité en milieu populaire, sera ainsi l’occasion de jeter un éclairage inédit sur les rapports ordinaires des « dominés » au politique.Today, Chavist Venezuela is at the forefront of global radicalism. However, if we refocus on the political bifurcations of the actors involved, what kind of identity reconfigurations do we find between a Bolivarian radicalism that tends to integrate a doctrine of State and never-ending redefinitions of popular radicalism, among Chávez’s supporters? What radicalization processes can a sociologist discern in the working-class areas of the barrios? Questioning the dynamics of radicalization that involves new “inputs” and “outputs” of radicalism in a working-class context is an opportunity to cast a new light on how the “dominated” usually relate to politics
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