Au tournant des années 2000, à la frontière franco-britannique, le gouvernement anglais impose, par pression économique, un rôle de garde-frontière aux acteurs du transport transmanche. À l’appui d’une enquête de terrain menée entre 2011 et 2017 à Calais, cet article interroge les formes de cette délégation de la surveillance à des acteurs privés, ainsi que les logiques qui président à l’application discrétionnaire des contrôles par les employés de ces entreprises. Le pouvoir d’État est ainsi exploré depuis un point de vue singulier, celui de sa mise en oeuvre, ce qui permet d’appréhender à différentes échelles les enjeux de redéploiement de l’État en matière de contrôles migratoires et de définition des frontières symboliques de la nation.