RésuméEn se focalisant sur deux villages de la région rurale de Houaïlou examinés depuis le milieu du XIXesiècle, cet article questionne l’évidence de la « chefferie » comme objet d’étude et comme catégorie anthropologique océaniste. La reconnaissance des « chefs » par les Français fut l’occasion d’une concurrence continue entre membres de lignages déjà en conflit, et qui perdure sous d’autres formes jusqu’à maintenant. L’État colonial est ainsi devenu une composante majeure d’un fonctionnement politique segmentaire dont, dans le même temps, il transformait radicalement les moyens. L’histoire constitue alors un outil perspectif qui permet d’établir, contre la rigidité de certains modèles anthropologiques et du discours justificatif de certains chefs, que l’institution de la chefferie ne peut être comprise que par la confrontation et l’articulation d’intentionnalités tout à la fois locales et étatiques.