pour s'intéresser à une innovation, l'approche « École en santé » (AES), dont l'objectif est « de réformer profondément la promotion et la prévention de la santé publique dans les éta-blissements scolaires québécois ». Dès les années 1980, Conrad avait analysé la façon dont les entreprises privées étasuniennes s'étaient dotées de politiques et de dispositifs de promotion de la santé afin de réduire les risques de santé parmi leurs employés (Conrad, 1987). Les décideurs et la population-cible sont ici différents, puisque ce sont les pouvoirs publics québécois qui sont à l'initiative de cette politique de promotion de la santé Document téléchargé depuis www.cairn.info -Institut d'Etudes Politiques de Paris --193.54.67.94 -20/11/2015 (Bergeron, 2004 ;Peretti-Watel, 2009 (Bassand, 1990) comme Lefebvre (1966) (Akrich, 1987a(Akrich, , 1987b (Callon, 1986 ;Latour, 1993).Mais comme le rappelle Lascoumes (1996) (Bèzes et Le Lidec, 2010 ;Le Naour, 2010 Rhodes, 2006 ;Lascoumes, 1996), de bricolage institutionnel et/ou d'hybridation (Hassenteufel, 2005Laforgue, 2009) entre non seulement des secteurs mais aussi des niveaux différents d'action publique (international, européen, national, régional, local (Jobert, 1994 ; Lascoumes et Legalès, 2004, Lascoumes et Simard, 2011Muller, 2005). (Hall, 1993)
Or, l'article d'E. Gaborit et N. Haschar-Noé reste relativement muet sur ces questions. Plusieurs pistes sont pourtant envisageables. La première serait d'éclairer les modalités et les conditions par et dans lesquelles a été fait le choix d'un instrument incitatif, informationnel ou
. Est-ce que, comme le montrait Conrad dans les années 1980 à propos des programmes de bien-être et de promotion de la santé dans les entreprises, des intérêts privés sont impliqués dans la formalisation de l'AES (Conrad, 1987) ? Enfin, une troisième piste, en lien avec les deux premières, consisterait à assumer davantage le renversement de perspective sur l'instrumentation qu'esquissent les auteurs. En effet, ce qui frappe dans les exemples et les extraits d'entretien proposés dans le texte, c'est la façon dont les acteurs en charge de « disséminer » l'AES dans les écoles adoptent un ensemble de stratégies pour intéresser les personnels scolaires aux problématiques sanitaires. À l'instar des travaux de Baudot (2011) sur l'informatisation des administrations françaises ou de ceux de Didier (2009) qui a montré comment les instruments cartographiques du New Deal avaient moins servi à discipliner la population américaine qu'à gouverner le gouvernement, les auteurs ne pourraient-ils pas envisager l'AES moins comme une façon d'intéresser l'école à la santé que comme un instrument visant à gouverner, à distance, les pratiques de ceux qui sont en charge de mettre en oeuvre cette sanitarisation ?De la médiation à la dissémination : l'instrument comme objet-frontière Callon, 1986), les auteurs prennent acte que les usages multiples de cette notion lui ont quelque peu fait perdre de sa consistance initiale (Lascoumes, 1996). Tout en se distinguant...