“…Il s'agit tout particulièrement aujourd'hui de défendre, à l'encontre d'une conception cartésienne dogmatique du rationalisme, la thèse de la pluralité des régimes de rationalité possibles jugés aussi valides et légitimes les uns que les autres. Quelques théoriciens envisagent même la possibilité d'une éthique de la responsabilité, comparable à celle défendue par Weber, qui autoriserait l'homme politique à argumenter ses décisions à rebours des prescriptions de la raison dans le cas de conflits ou de tragédies hors normes (Taguieff, 1990 ;Gosselin, 1995) ; 3) la revalorisation du dissensus qui n'est plus présenté systématique-ment comme un échec, mais comme un des moteurs démocratiques du politique et de ce fait comme un constituant intrinsèque du conflit, en tous points préférable aux violences de la guerre (Wolton, 1995, p. 13 ;Amossy, 2010) ; 4) un questionnement éthique (Gauthier, 1995, p. 179 ;Koren, 2006Koren, et 2008 qui accorde une place centrale aux controverses autour des notions de manipulation, et donc en creux de rectitude (Taguieff, 1990, p. 274 ;David-Blais, 1995 ;Breton, 1997 ;Danblon, 2005) ou de « bon » vs « mauvais » argument (Kerbrat-Orecchioni, 1981 ;Charaudeau, 2005b, p. 34-35) et donc à la question de la validité des normes argumentatives. Cette problématique repose la déli-cate question de la position du chercheur : l'analyse de l'argumentation politique doit-elle être purement descriptive ou au contraire également normative, lui faut-il rester neutre ou doit-elle être guidée par des principes éthiques qui débouchent sur la critique, voire parfois sur la dénonciation ?…”