La diversité est porteuse de possibilités tout comme elle suppose également de potentielles difficultés pour l’organisation. Les discours et les pratiques des politiques managériales de diversité forment ainsi un ensemble cohérent qui cherche à saisir les différences individuelles en les identifiant de façon à les gérer et les accorder avec les buts de l’organisation. Pour cela, les pratiques et les outils managériaux dans le domaine relèvent plus précisément d’une rationalité propre au management en général, comme peuvent l’être par exemple l’activité de contrôle ou de mesure. Le management cherche ainsi à faire entrer dans ses propres codes de pensée tout ce qu’il peut rencontrer, aussi différent que cela puisse être. Cependant, existerait-il des éléments, à tel point distincts, hétérogènes ou discordants, que ceux-ci pourraient posséder la propriété de s’échapper de l’emprise du management et avoir ainsi la caractéristique d’être difficilement gérables, pour ne pas dire pratiquement ingérables ? Le neutre semble en faire partie. Distinct de la notion de neutralité, le neutre, idée à l’origine philosophique, n’a jamais été exploité dans le domaine des sciences de gestion. Il apparaît que le neutre est un concept philosophique si puissant qu’il questionne les fondements mêmes du management et de sa rationalité. Cet article présente une discussion théorique afin d’interroger le neutre et sa richesse par rapport au champ de la gestion de la diversité. Nous tenterons de souligner l’intérêt académique de poursuivre des travaux sur le sujet