RÉSUMÉ
Cet article propose d’étudier, au plan théorique, les différentes logiques institutionnelles en concurrence dans les organisations de l’économie sociale et solidaire (OESS). Nous mobilisons dans cette perspective le modèle des Economies de la Grandeur de Boltanski et Thévenot (1987, 1991). Le caractère novateur de notre recherche réside moins dans l'identification des principales conventions qui modèlent la gouvernance des OESS que dans l'examen des conflits et des compromis possibles entre chacune de ces « cités ». Notre analyse souligne tout d'abord que la « compétition » de plusieurs conventions au sein des OESS génère des tensions organisationnelles difficiles à résoudre. Nous montrons ensuite que l'atteinte d'un compromis, en plus d’être éphémère, comporte un risque d'exclusion d'une « cité » qui peut conduire à une fragilisation de la gouvernance des OESS. Au final, nous traçons des perspectives de dépassement de ce risque en exposant différentes stratégies organisationnelles susceptibles de cadrer la gouvernance des OESS sans en altérer leurs identités, ni leurs « grandeurs » multiples.
Mots clés: Economie sociale et solidaire, gouvernance, Economies de la Grandeur, logiques institutionnelles, cités