Cet article tend à observer des aspects méconnus du travail des femmes au travers des chants composés par des ouvrières lors des occupations d’usine et mouvements de grève dans les années 1970-1980. Ces sources inédites et peu explorées offrent un éclairage nouveau sur le travail de ces ouvrières, sur leur rapport à la famille et sur leur condition féminine dans l’univers industriel. Oubliées et inconsidérées par les organisations syndicales, le chant devenait leur voie d’accès à l’oralité, à la revendication, à l’expression des souffrances tues. Le chant lui-même dépassait largement la simple fonction du maintien de l’esprit combatif pour contrecarrer les règles régissant les comportements dans l’atelier. En prenant la parole, ces ouvrières évoquaient la place des femmes dans le monde industriel belge, leur condition de travail ainsi que la spécificité des relations famille-travail représentée par une lutte sociale dont les contours touchaient tant l’atelier que le foyer