Cet article est une étude de cas portant sur l’intégration institutionnelle des Sourds sportifs à la Fédération Française Handisport (FFH). L’intérêt de cette contribution est de montrer comment un processus de fusion fédérale a donné lieu à une nouvelle forme de séparation entre des espaces sportifs qui se sont construits de manière séparée au cours du temps. Ainsi, alors que cette dynamique de fusion fédérale s’inscrit dans une perspective dite inclusive ou de participation sociale, ce processus a donné lieu à l’exclusion temporaire des Sourds sportifs français de toutes les compétitions internationales. L’idée d’intégrer les Sourds sportifs à la FFH a donné lieu à plusieurs oppositions et conflits qui sont ici étudiés, principalement du point de vue des Sourds sportifs, à partir de données recueillies via le site internet Websourd et les archives des différentes fédérations impliquées dans cette controverse. Le conflit dont il est question ici se joue à partir de deux conceptions, l’une fondée sur le « faire société » et l’autre sur le primat de l’appartenance à une communauté particulière, questionnant in fine les modalités du vivre-ensemble au sein de la société française. Ainsi, tandis que la FFH tend à produire un discours universaliste visant à imposer une conception commune du handicap, les Sourds sportifs participent à la construction d’une culture, dont l’enjeu est le droit à la différence. Si, au bout de quelques années, la controverse s’éteindra par un compromis alliant des visions apparaissant a priori antagonistes, l’objet de l’article est de montrer, à travers un micro-objet, que l’idée d’inclusion est porteuse concrètement de conceptions et d’approches potentiellement contradictoires.