Dans cette contribution, nous prenons appui sur un travail au long cours conduit dans le cadre d’une intervention-recherche avec Guillemette, jeune professeure d’histoire-géographie exerçant dans un collège « difficile ». Au moment de notre première rencontre, elle souffre de ne pas parvenir à construire la stabilité professionnelle nécessaire pour asseoir son activité et organiser les conditions de travail et d’apprentissage de ses élèves. Nous montrons comment elle s’est approprié le dispositif dialogique mobilisé au cours de l’intervention-recherche pour en faire un instrument de développement de son activité. En l’amenant à revivre des situations de classe déjà vécues et en multipliant les contacts sociaux avec elle-même, il a permis de relancer les nombreux débats dont son activité est le siège et il a ouvert sur la possibilité pour elle de « faire quelque chose » de ses préoccupations, en les recyclant dans des « occupations » reposant sur des compromis renouvelés, plus efficaces dans leur double dimension objective et subjective. La confrontation du « cas Guillemette » à d’autres cas produits à l’occasion d’autres interventions-recherches, ainsi que ses retouches successives résultant des reconfigurations horizontales au sein de cette collection de cas, nous permettent de le considérer comme un prototype clinique sur la base duquel nous esquissons l’ébauche d’un modèle des organisateurs des trajectoires professionnelles à travers lesquelles se développe l’activité enseignante à l’état naissant.