L'aide au travail personnel des élèves entre déficit de prescriptions et « savoirs méthodologiques » : un double regard didactique et ergonomique, Dossiers des Sciences de l'Education, n°20, pp 125-138. L'aide au travail personnel des élèves entre déficit de prescriptions et « savoirs méthodologiques » : un double regard didactique et ergonomique Christine Félix et Frédéric Saujat Résumé La question du travail personnel des élèves n'est pas nouvelle mais elle a cette fois l'originalité de s'inscrire dans l'emploi du temps des élèves et le service de professeurs. Or, rien ou presque ne précise la nature exacte des tâches à effectuer par les professeurs au sein de ces « nouveaux dispositifs » d'accompagnement à la scolarité. Pour tenter d'éclairer l'activité de ces enseignants, cette contribution s'efforce de questionner à la fois les enjeux didactiques et ergonomiques afin d'étudier la manière dont les professeurs réalisent leur travail dans ce type de dispositif en l'absence de prescription. Cette double approche, en empruntant des outils issus de deux champs théoriques distincts, permet de rendre compte des modes de diffusion des savoirs, à la fois scolaires et professionnels, et de mieux cerner les limites du métier enseignant dans un cadre qui n'est plus celui du travail quotidien du professeur dans sa classe. Mots clés : travail personnel de l'élève-approche ergonomique et didactique-dispositifs d'aide à l'étudemétier enseignantmodes de diffusion des savoirs. Pupils' personal work is not a new issue, but this time it is original in so far as it is part of the school timetable for both pupils and teachers. However, there is no or almost no detailed explanation of the tasks to be carried out by teaching staff within the framework of these "new measures" aimed at supporting learning. With a view to shedding light on the activity of these teachers, this contribution attempts to question both the educational and ergonomic challenges in order to study the way in which teachers carry out their work in such a system without precise instructions. This dual approach, which uses tools from two different theoretical fields, shows the ways in which both academic and vocational knowledge is disseminated, and identifies the limits of the teaching profession whose work is no longer restricted to classroom activities.
Cette contribution soutient que l'activité des enseignants ne saurait être comprise à partir des seules intentionnalités. Elle montre comment les intentions des acteurs sont débordées face aux situations d'enseignement. L'activité des enseignants d'EPS est appréhendée dans les situations qui supposent de mobiliser et d'entretenir le collectif de et au travail que constituent les élèves. Situations pouvant poser problème à des débutants et à des expérimentés. Des études de cas servent de support à cette contribution. L'activité des enseignants y est envisagée et décrite à deux niveaux selon deux échelles de temps. Elle est envisagée à chaque instant comme un effort déployé pour donner corps à leurs « préoccupations » (ce qu'ils voudraient faire) à travers leurs « occupations » (ce qu'ils font effectivement en situation de travail). Appréhendée dans le temps, au gré de diverses situations, cette activité est également envisagée comme une succession de réorganisations autour d'équilibres provisoires traduisant des formes d'efficacité « objective » et « subjective »différentes. Les résultats permettent de modéliser le développement de l'activité professionnelle comme une histoire à travers laquelle celle-ci, en se réalisant, laisse derrière elle et devant elle des possibilités non réalisées. Ils permettent de considérer sans les dissocier les intentionnalités et les déterminants à l'oeuvre dans l'activité des enseignants. Les implications pour la formation sont envisagées en guise de conclusion.
Comme le rappellent Leblanc, Ria, Dieumegard, Serres et Durand (2008), depuis une dizaine d'années des échanges et des collaborations ont vu le jour entre les sciences de l'éducation et les sciences du travail. Au-delà de leurs différences théoriques, les approches fondant ces échanges sont sous-tendues par le postulat qu'une condition d'efficacité de la formation est de prendre en compte le travail réel des professionnels de l'éducation (Saujat, 2007). En posant les termes d'une articulation renouvelée entre l'exercice du métier et les conditions susceptibles de préparer à cet exercice et de le soutenir, elles assignent au travail réel tantôt le statut d'objet à comprendre (afin de le transformer), tantôt, à travers son analyse, celui d'instrument de formation. Dans ce chapitre, nous nous intéressons à ces deux modalités des relations entre analyse du travail et formation, en nous appuyant sur une intervention conduite en milieu de travail enseignant. Une intervention à visée de formation : dispositif et présupposés théoriques et méthodologiques Les matériaux sur lesquels nous nous appuyons sont issus d'une intervention en milieu de travail, mise en oeuvre pour répondre à une demande de formation émanant d'un collège situé en Zone d'éducation prioritaire 1 (Felix & Saujat, 2007). La mise en oeuvre d'un tel processus s'inscrit pour nous dans la tradition de l'intervention ergonomique (Daniellou, 1996, 2007). Comprendre le travail pour le transformer, à la demande des intéressés et avec leur concours, est aujourd'hui une règle de métier admise dans le champ de « l'ergonomie de l'activité » qui
Dans cette contribution, nous prenons appui sur un travail au long cours conduit dans le cadre d’une intervention-recherche avec Guillemette, jeune professeure d’histoire-géographie exerçant dans un collège « difficile ». Au moment de notre première rencontre, elle souffre de ne pas parvenir à construire la stabilité professionnelle nécessaire pour asseoir son activité et organiser les conditions de travail et d’apprentissage de ses élèves. Nous montrons comment elle s’est approprié le dispositif dialogique mobilisé au cours de l’intervention-recherche pour en faire un instrument de développement de son activité. En l’amenant à revivre des situations de classe déjà vécues et en multipliant les contacts sociaux avec elle-même, il a permis de relancer les nombreux débats dont son activité est le siège et il a ouvert sur la possibilité pour elle de « faire quelque chose » de ses préoccupations, en les recyclant dans des « occupations » reposant sur des compromis renouvelés, plus efficaces dans leur double dimension objective et subjective. La confrontation du « cas Guillemette » à d’autres cas produits à l’occasion d’autres interventions-recherches, ainsi que ses retouches successives résultant des reconfigurations horizontales au sein de cette collection de cas, nous permettent de le considérer comme un prototype clinique sur la base duquel nous esquissons l’ébauche d’un modèle des organisateurs des trajectoires professionnelles à travers lesquelles se développe l’activité enseignante à l’état naissant.
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