Résumé L’employabilité des seniors est devenue une préoccupation majeure pour les entreprises. Dès lors l’anticipation d’une vie active plus longue par les salariés fait de la perception du temps qu’il reste à travailler et des opportunités qui y sont liées, un thème de recherche essentiel pour les gestionnaires. Le cadre plus général des changements dans la perception du temps au cours de la vie peut contribuer à aborder cette problématique. Dans quelle mesure les changements dans la perception du temps qu’il reste à vivre aux différents âges, entraînent-ils des changements dans la poursuite des objectifs sociaux ? Nous avons testé ces questions par le biais du modèle théorique de la sélectivité socio-émotionnelle sur un échantillon représentatif d’adultes de 23 pays (43 000 réponses individuelles) à partir des données de l’European Social Survey (ESS3, 2006). L’étude a également analysé les bénéfices pour le bien-être subjectif de l’adoption d’objectifs sociaux conformes à la motivation. Les corrélations de la perspective temporelle future avec l’âge et la santé, ainsi qu’avec les buts sociaux exprimés, reproduisent les résultats obtenus dans les études précédentes. Comme attendu le bien-être est plus élevé lorsque les personnes perçoivent l’avenir comme ouvert et la conformité entre motivation et objectifs augmente ce bien-être. Cependant, contrairement aux prévisions théoriques, pour les personnes dont l’horizon temporel est réduit cette adéquation est associée à des niveaux moindres de bien-être. Ces résultats remettent en question l’importance de la conformité entre perspective temporelle future et objectifs sociaux pour le bien-être et soulignent l’importance de l’autonomie quel que soit le temps qu’il reste à vivre, mais surtout pour les plus âgés. Dans le contexte du travail, ils permettent d’envisager que l’autonomie, même en fin de carrière, est une dimension essentielle pour contrer le désengagement.