“…L'usage des médias socionumériques tient à la fois de la création de collectifs « pas déjà-là » autour de certaines questions techniques précises (la lutte contre certaines maladies des végétaux, par exemple), de l'inscription dans un type de collectif présent ailleurs mais pas localement (pour le développement de l'agriculture de conservation ou de la permaculture, par exemple), d'élargissement de collectifs constitués ou de mise en relation de collectifs différents (par exemple, entre CUMA ou GIEE), voire de publicisation de l'activité agricole ordinaire auprès du grand public. Ces collectifs donnent accès à des ressources, cognitives ou sociales, et à des formes d'appui, dont certains tiennent au partage d'émotions (Prost et al, 2014), autrement inaccessibles, sur un mode de proximité cognitive, sociale ou émotionnelle choisie (Prost et al, 2017 ;Rénier et al, 2022). L'usage de ces médias socionumériques dans la constitution ou l'élargissement des collectifs va jouer de plusieurs façons dans le processus d'émergence d'autorités et de déférences épistémiques.…”