RésuméDans cet article, l’auteur explore les limites que pose la police guidée par le renseignement (intelligence led policing– ILP) pour les organisations policières. Il tente de montrer que la fonction de renseignement criminel ne doit pas être comprise comme un instrument produisant des résultats tangibles dans l’application de la loi, mais bien comme une activité de production de connaissance dont l’objectif ultime est d’assurer l’apprentissage des organisations policières. Sur la base de cet apprentissage, les services de police sont en mesure de concevoir et d’affiner leurs stratégies de lutte contre la criminalité. Néanmoins, le renseignement est contraint par des facteurs organisationnels, structuraux et culturels propres à la complexité des bureaucraties professionnelles. D’une part, les limites inhérentes à l’usage des renseignements dans la conduite des affaires policières montrent à quel point cette activité est difficilement mesurable en ce qui a trait aux résultats quantifiables. D’autre part, pour être utile, le renseignement doit s’appuyer sur une structure organisationnelle favorisant la fluidité des échanges d’informations ainsi qu’une forte culture du renseignement.