Le bois-énergie joue un rôle important dans la course aux énergies renouvelables. À partir du cas du massif landais, les auteurs analysent la mobilisation accrue de la ressource forestière qui s'opère à travers l'exploitation des souches d'arbres. Cette extension de la ressource forestière et cet accroissement du potentiel bois-énergie sont permis par des innovations techniques qui mêlent de façon indissociable aspects technologiques et sociaux. Dans ce massif forestier, essentiellement privé et intensément exploité, l'industrie papetière porte ce projet en renégociant les rapports avec les autres acteurs (propriétaires, exploitants, transformateurs, etc.) en fonction de ses stratégies de développement ; l'utilisation des politiques publiques de soutien mises en place est centrale dans cette dynamique et les questions de rentabilité économique des souches en deviennent presque secondaires. Les fenêtres d'opportunité ouvertes par les tempêtes successives qui ont frappé le massif forestier sont exploitées pour accélérer et orienter les négociations, laissant de côté les questions de stockage du carbone et de maintien de la fertilité des sols. Dans ce cas, la transition énergétique pourrait se traduire par un renforcement des industries dominantes et une intensification de la pression sur les ressources et les milieux. La Rédaction Résumé-En France, les souches forestières font désormais partie des gisements de biomasse ligneuse identifiés pour contribuer à la transition énergétique. Mais la récolte de cette partie basse et souterraine des arbres est pour l'instant limitée à la forêt cultivée des Landes de Gascogne. Cet article se propose d'analyser les ressorts de cette innovation territoriale en mobilisant un cadre analytique et méthodologique issu du champ « sciences, technologies et société (STS) ». Les auteurs montrent ainsi que la valorisation de cette nouvelle ressource est portée par des industries de la filière bois-papier soucieuses de préserver leurs matières premières usuelles et d'ajuster le développement des politiques de soutien aux énergies renouvelables. Ils soulignent aussi que ce travail d'innovation a bénéficié du concours inattendu mais décisif de deux tempêtes majeures (1999 et 2009). Leur analyse dévoile in fine la construction d'une politique « locale » du bois-énergie qui, orientée vers le renforcement d'industries déjà bien établies et l'intensification des pratiques sylvicoles, questionne les potentialités associées à la transition énergétique.