Le féminisme est une révolution, pas un réaménagement des consignes marketing […]. Le féminisme est une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes, et pour les autres. Une révolution, bien en marche. Une vision du monde, un choix. Il ne s'agit pas d'opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l'air (Virginie Despentes, King Kong Théorie, 2006) 1 En août 2016, France-Culture, qui constitue une référence culturelle importante du paysage radiophonique français, a diffusé une série d'émissions sur les nouveaux courants féministes français. L'émission Grande Traversée a consacré ses deux heures quotidiennes à une série de cinq documentaires intitulée « Women's power, les nouveaux féminismes », réalisée par Charlotte Bienaimé. La présentation de la série insistait sur la variété des lieux des féminismes contemporains, identifiant quatre espaces particuliers : « Une cartographie des luttes et des pensées féministes, sur le terrain, dans les universités, en politique et sur internet, pour comprendre les acquis et les enjeux d'avenir d'un mouvement, pluriel, vivant et métissé, situé au coeur des transformations sociales que nous vivons » 1. Pour les militantes féministes que nous sommes, informées des actions et des courants, notamment en France et en Suisse, ces émissions ont eu un parfum d'anthropologie bien familière, et nous avons tout à fait reconnu ces quatre terrains, le quotidien, la politique, l'université et l'internet, comme les nôtres. Les « filles d'Olympe de Gouge et d'Angela Davis, de Simone de Beauvoir, de Judith Butler, de Virginia Woolf ou d'Audre Lorde », comme les désignait le texte de présentation, « réformistes » ou « révolutionnaires », « abolitionnistes » ou « sexpositives », « post-coloniales » et queer, ce sont nos ami.e.s, nos camarades, nos Nouvelles argumentations féministes. Données empiriques et théorisations Argumentation et Analyse du Discours, 18 | 2017