Dispositif numérique permettant aux Parisiens de signaler aux services de maintenance la présence d’anomalies dans l’espace public, DansMaRue a connu durant de la décennie 2010 une ascension inédite dans le paysage de ces technologies de crowdsourcing urbain. Introduit comme un à-côté des politiques d’entretien, ce système de signalement, par le biais des masses de données qu’il génère, est devenu une architecture informatique centrale pour les activités de maintenance et se voit dans la période récente investi de différentes ambitions réformatrices. Trois facettes de l’édifice administratif parisien sont notamment visées par des logiques de rationalisation : la place octroyée aux « usagers de l’espace public » dans les activités d’entretien, le contrôle politique exercé par les élus parisiens sur les administrations de maintenance, les principes et modalités de production de l’efficacité des tournées de maintenance. Cet article propose une lecture des processus par lesquels s’est opérée cette solide inscription dans l’écosystème administratif de la maintenance urbaine, et analyse les effets sur les bureaucraties municipales que cet ancrage a occasionnés. De manière transversale, l’article met alors au jour une tendance de fond allant dans le sens de la neutralisation des aspirations réformatrices, au profit d’un renforcement ou d’une poursuite par d’autres moyens des formes bureaucratiques existantes. Pour en faire sens, il insiste sur le rôle joué par la dimension discrète et en douceur de l’approche adoptée par l’équipe en charge du système de signalement.