Le soin en Afrique a fait l'objet de nombreuses études de sciences sociales. Malgré la richesse des travaux existants sur ce sujet, un point reste insuffisamment analysé : la matérialité du travail des soignants et son impact sur les relations entre soignants et soignés. C'est ce point qui est analysé dans cet article. En nous inspirant des travaux de Lussault, d'une part, et de ceux d'Akrich, d'autre part, nous suggérons que, en sus d'autres facteurs pointés par la littérature existante, les tensions entre soignants et soignés sont la conséquence d'une adaptation incessante de l'espace aux activités courantes, de la volonté d'avoir une certaine emprise sur ces activités en anticipant les discontinuités qui pourraient survenir, et, enfin, de la fatigue résultant de ce travail permanent d'adaptation et d'anticipation.