“…19) ConclusionDans l'espace que lui donne le partage des compétences dans la Loi constitutionnelle de 1867, le Québec a fait des efforts considérables, ces 20 dernières années, pour mettre en place des mesures législatives et administratives visant à combattre la criminalité en col blanc et pour placer le financement des partis politiques à l'abri des influences. Les nombreux scandales financiers et économiques tant dans les affaires privées que publiques ainsi que les délibérations publiques de la commission Charbonneau ont alimenté la critique collective et la montée d'un mouvement social suffisamment puissant pour qu'il impose les objectifs à l'agir étatique.La province de Québec, qui a longtemps été perçue comme le terreau le plus fertile à la corruption au Canada (Reeves-Latour, 2016), est devenue, en quelques années seulement, un chef de file dans le combat de la criminalité en col blanc, même si des observateurs jugent que plusieurs préoccupations et recommandations de la Commission n'ont pas été encore prises suffisamment en considération par le législateur québécois(Bégin et collab., 2016;Duclos, 2019).En ce sens, on comprend mieux les liens inexorables qui se tissent entre les acteurs relevant des différentes sphères en jeu (politique, économique, législative, régulatrice) et l'importance de ne pas oblitérer les conséquences à court et à long terme de conduites pouvant causer de graves torts et préjudices pour les victimes, de même que des dommages sociaux (et environnementaux) d'une portée parfois insoupçonnée.En outre, ce que les scandales en col blanc et les travaux de la commission Charbonneau mettent en relief, c'est que la démocratie et la justice ont nécessairement besoin d'initiés (insiders) pour l'aider à comprendre des affaires complexes. En effet, sans l'aide de collaborateurs prêts à témoigner, souvent en échange d'une forme de clémence de la part des procureurs à leur endroit, les acteurs en charge de faire la lumière sur la collusion qui sévissait dans le domaine de la construction notamment auraient eu de la difficulté à démêler les écheveaux des alliances entre les fonctionnaires, les membres de l'industrie et les organisations criminelles en jeu.…”